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Tribune

La France a besoin des fonds d’investissement américains

LE CERCLE/POINT DE VUE - Les États-Unis, premiers en levées de fonds mondiales de venture capital, cherchent à diversifier leurs investissements. La France a une belle carte à jouer.

La France a besoin des fonds d’investissement américains

Par François Véron (fondateur de Newfund)

Publié le 28 nov. 2018 à 12:20

Comme la France s’est mobilisée pour attirer les professions de la finance dans la perspective du Brexit, elle a besoin aujourd’hui de séduire les fonds d’investissement américains pour soutenir la montée en puissance de ses start-up.

On ne part pas de zéro, bien sûr. Les fonds américains sont déjà régulièrement sollicités pour les financements de série A (levées de 5 à 10 millions d’euros) et seraient impliqués dans 1 financement sur 6 de série C (plus de 30 millions) mené par des start-up françaises. Un engagement encore timide au regard de leur potentiel, mais qui pourrait profiter de vents plus porteurs dans les années à venir.

> Lire aussi :Ces corsaires américains qui piratent notre économie

Notamment parce que les États-Unis représentent aujourd’hui 62 % des levées de fonds mondiales de venture capital – la part de l’Europe se limite à 11 % et celle de la France à moins de 2,5 % (1) – et que beaucoup de fonds américains sont incités par leurs propres souscripteurs (LPs) à s’ouvrir davantage à l’international. Parmi les options immédiates, la Chine apparaît toujours comme un marché fermé, ou du moins compliqué, pour les investisseurs étrangers et le Brexit fait peser un risque sur toute l’économie britannique. Restent, parmi les puissances économiques ouvertes et respectueuses des règles de droit, la France, l’Allemagne et les pays du nord de l’Europe.

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Mieux promouvoir nos atouts

La France a une belle carte à jouer si elle sait vendre les réformes en cours. Les fonds américains en ont trop souvent la vision d’un pays à économie dirigée : droit social anti-business, fiscalité élevée et complexe… La promotion des ordonnances Travail et du nouvel environnement fiscal est donc essentielle. Il faut aussi communiquer sur les sociétés technologiques américaines qui ont choisi la France pour s’implanter : siège européen de Microsoft, centre R&D de Facebook, implantations de Cisco : que trouvent-elles qui ne puisse pas intéresser également les fonds d’investissement ?

L’un des principaux marchés européens, bien sûr, d’excellentes infrastructures, et surtout, des ingénieurs de qualité – beaucoup ont d’ailleurs migré dans la Silicon Valley depuis 20 ans – à un coût, certes, supérieur à celui des ingénieurs de l’Europe de l’Est, mais inférieur à celui des États-Unis. En sens inverse, la France doit également vendre ses champions, en particulier les start-up qui se sont implantées avec succès sur le marché américain (Criteo, Algolia, Peopledoc, Medtech Surgical, Aircall…).

Prendre exemple sur la Silicon Wadi

Et puis prenons exemple sur ce qui a déjà réussi ailleurs comme la Silicon Wadi en Israël. Pour attirer les fonds américains, les Israéliens ont mis en avant la qualité intrinsèque de l’écosystème local, mais se sont également appuyés sur les partners liés à la communauté juive au sein des fonds.

Mieux armés pour comprendre la culture israélienne et la façon d’y faire des affaires, ces partners ont su convaincre leurs firmes de franchir le pas, notamment en mettant en avant que les Israéliens leur faisaient confiance et acceptaient de laisser aux fonds américains le contrôle des entreprises dans lesquelles ils investissaient. Une pratique qui devrait inciter la France à identifier les partners ayant des liens avec elle, les pays francophones ou plus généralement l’Europe continentale pour jouer le même rôle.

Enfin, il est nécessaire de forger un discours clair et orienté vers le libre fonctionnement du marché français et européen. Trop souvent, les initiatives publiques insistent sur les failles du marché pour justifier le recours à l’intervention de l’État. Vue des États-Unis, cette communication peut être anxiogène.

Si la France réussit ainsi à renouveler son positionnement et, plus encore, la perception qu’en ont les investisseurs étrangers, les fonds américains pourraient être incités à contribuer à l’émergence d’un nouvel écosystème susceptible d’accueillir leurs investissements. C’est dans notre intérêt à tous.

1 Source : Preqin, 2017

François Véron, fondateur de Newfund.

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