Pourquoi lever 29 millions de dollars?
Depuis un an, nous sommes en hypercroissance, de 10% par mois. Notre chiffre d’affaires dépasse 10 millions d’euros. Il est important de continuer cette expansion ultrarapide, en recrutant des spécialistes et en structurant l’entreprise. Nous voulons être 500 d’ici trois ans, contre 100 actuellement. Les britanniques Draper Esprit et Balderton Capital et l’américain NextWorld Capital sont entrés au capital, car notre marché est mondial. Très tôt, nous sommes allés aux Etats-Unis. Aujourd’hui, ce pays pèse 30% de notre chiffre d’affaires, le triple de la France.
Etes-vous toujours majoritaires?
Avec les trois autres cofondateurs, nous sommes toujours majoritaires au board, mais plus au capital. Après quatre levées de fonds, c’est le jeu. Il vaut mieux avoir 10% d’une entreprise qui vaut des centaines de millions que 100% d’une entreprise qui vaut un million. Aircall vaut plus de 100 millions de dollars. Dans le SaaS [Logiciel en tant que Service], une entreprise est valorisée environ dix fois son chiffre d’affaires.
Avez-vous du mal à être rentable?
Non, si je veux l’être, je le peux. Nous avons déjà 3.000 clients dans le monde, comme Uber, TravelBird ou Prisma Media, qui paient entre 30 et 50 euros par mois et par utilisateur. Nous pourrions construire Aircall sans lever de fonds. Mais nous irions très lentement. Or nos concurrents traditionnels vont se réveiller. Nous voulons capter notre marché maintenant.
Quels sont vos atouts?
Aircall, c’est la téléphonie d’entreprise 100% cloud. Nous remplaçons le téléphone fixe des collaborateurs par une application disponible sur leur ordinateur et leurs téléphones. Notre service peut être déployé instantanément. Par ailleurs, nous avons noué des partenariats avec une quinzaine d’outils SaaS, comme Salesforce ou Zendesk, dans lesquels notre solution s’intègre. L’objectif est d’en avoir plus d’une centaine d’ici à fin 2019. Cela permet de retranscrire les informations des appels directement dans ces outils, pour ne pas les perdre, les analyser, et être plus productif.
Comment éviter que cela ne serve à surveiller les salariés?
Nous partons du principe que l’entreprise cherche à être meilleure. Nous n’offrons pas un outil de call center, mais un outil d’expérience client. Le salarié peut à tout moment désactiver les appels ou l’enregistrement des conversations.
Envisagez-vous de vendre Aircall?
Cela ne me gênerait pas mais nous ne vendrons pas avant d’avoir changé l’usage de la téléphonie dans le monde. Nous ne sommes qu’un grain de sable. Nos rivaux américains pèsent 400 millions de dollars de chiffre d’affaires et notre marché vaut 20 milliards, en croissance de 10%. Nous avons de nombreux projets: rajouter de l’intelligence artificielle, de la prédiction, de l’analyse de sentiments.
Quel est votre rêve de croissance?
Etre leader mondial de la téléphonie d’entreprise. Notre ambition à trois ans, c’est 100 millions d’euros de chiffre d’affaires et une valorisation d’1 milliard.