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New York, terre de conquête pour les startuppeurs français

Un nombre croissant d'entrepreneurs tricolores tentent leur chance à New York, plus proche géographiquement et culturellement de la France que la Silicon Valley. Après une première vague de pionniers, de nouveaux visages apparaissent.

New York attire de plus en plus de startuppeurs français - New York attire de plus en plus de startuppeurs français
New York attire de plus en plus de startuppeurs français. (Shutterstock)

Par Guillaume Bregeras

Publié le 7 juin 2018 à 12:06

"En tant que Français, on est vu ici comme sortant tout juste de l'école primaire !" Lorsqu'il s'agit d'évoquer la perception des startuppeurs hexagonaux au sein de l'économie new-yorkaise, Olivier Pailhès, cofondateur et président d'Aircall , ne prend pas de détour. Certes, la qualité des ingénieurs est saluée, mais la capacité des entrepreneurs français à y développer de beaux succès reste encore à démontrer. Business Objects, Criteo et Talend mises à part, aucune entreprise qui a démarré en France n'a réussi à s'installer au Nasdaq. Et trop peu d'entre elles se sont fait racheter pour des montants significatifs.

Pourtant, depuis quelques années, les candidats se multiplient. "Beaucoup sont venus et ont répété les mêmes erreurs comme engager un directeur des ventes américain, explique Vincent Deruelle, cofondateur de French Founders , un club d'entrepreneurs et de managers français. Les talents locaux savent très bien se vendre, mais les produits sont complexes et la différence culturelle parfois trop forte." Début juin de cette année, la French Tech New York recensait 191 start-up françaises installées dans la Grosse Pomme. Un travail qui vient à peine de commencer et qu'il est donc impossible de remettre en perspective, mais l'ensemble des observateurs locaux s'accordent à dire qu'elles sont de plus en plus nombreuses.

Un marché colossal

Les raisons qui poussent les jeunes pousses tricolores à s'y installer sont multiples. La première est d'ordre économique bien entendu. C'est le cas de fifty-five (analyse de data pour les marques) par exemple, dont le cofondateur Mats Carduner y a installé un bureau en septembre 2016 : "Nous nous sommes d'abord posé la question d'attaquer l'Europe, mais cela s'est avéré trop compliqué. Entre 40 et 50 % du marché publicitaire mondial se trouve aux Etats-Unis et ce sont nos clients qui nous ont finalement dicté notre installation à New York." A ce moment-là, You and Mr Jones, la société de brandtech fondée par David Jones (ancien PDG d'Havas) acquiert 55% des parts de la jeune pousse et accélère son déploiement sur le sol américain.

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Dans le sillage de Fifty-Five, d'autres adtech françaises se sont installées à New York, comme  Adyoulike après sa levée de fonds de 5 millions de dollars en 2016. S'installer ici représente un coût très largement supérieur à celui de Paris, ou même de Londres. Olivier Pailhès explique par exemple que les talents tech sont entre deux et trois fois plus chers qu'à Paris lorsqu'ils sortent de l'école : "Pourtant, je recrute ici, c'est important pour nous. Je recrute par exemple un DRH en ce moment et malgré le fait que le gros de nos équipes est basé à Paris, je tiens à ce qu'il soit d'ici. Je veux des gens qui sachent détecter et convaincre des personnes qui ont monté des entreprises de plusieurs centaines de personnes." Et là, évidemment, les candidats tricolores manquent forcément à l'appel…

Des investisseurs davantage concernés

Syntony, qui développe des solutions pour  transmettre un signal GPS dans les sous-terrains, est quant à elle en train de boucler une levée de fonds pour implanter un bureau à New York. Béatrice Korsakissok, cofondatrice et CTO de la start-up, participe actuellement au programme d'immersion Impact USA opéré par Business France, afin de s'y préparer : "Il y a beaucoup de métros avec des tunnels pour éviter les problèmes liés à la météo. Et la Metropolitan Transportation Authority (MTA) va devenir l'un de nos plus importants clients." Syntony va effectuer un POC (preuve de concept) avec l'autorité new-yorkaise qui opère le métro pour y déployer des unités dans une première station. Un contrat à 400.000 dollars qui devrait déboucher sur une enveloppe de 80 millions étalée sur les deux ou trois années à venir. Contrairement à ses homologues du monde du logiciel, la startuppeuse constate une image très positive des entrepreneurs français ici : "Dans le monde industriel, l'aura de la France est très bonne, et nous avons été bien accueillis partout aux Etats-Unis."

Un constat partagé par les équipes de French Founders qui comptabilisent désormais 650 de leurs 3.000 membres installés à New York. "Nous avons développé un module de rencontres entre startuppeurs français et investisseurs et l'on y voit un intérêt croissant des seconds pour les premiers, détaille Vincent Deruelle. Ils nous demandent même parfois comment nous pouvons les connecter en dehors de ces événements et finalement, une fois que l'entreprise a fait ses preuves, peu importe sa nationalité." Dans tous les cas de figure, Donald Trump aidant, le French bashing est désormais bien loin…

Guillaume Bregeras à New York

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